Mardi après midi, quoi de mieux durant la pause que de s’allonger sur l’un des bancs installés dans la cour et de regarder les oiseaux voler allègrement sur la toile céleste tout en soupirant… En soupirant ? Mais pourquoi soupirer alors que le soleil brillait en cette belle journée de mai ? Pourquoi diable émettre une telle marque d’exaspération alors que tout semblait aller parfaitement bien ? Nakamura , les bras croisés derrière la tête attendait la sonnerie qui marquerait la fin du cours qu’il venait de sécher sans aucune crainte et avant tout, en en étant tout à fait conscient.

Le jeune homme regarda un oiseau qui passait au dessus de lui lorsque le vent commença à souffler. C’est donc en poussant un nouveau soupir qu’il ferma les yeux en se parlant à lui-même.

« Saleté de vent… Tu es venu me pourrir ma journée ?»

À vrai dire il s’en foutait pas mal du vent, comme de tout le reste si l’on veut être vraiment honnête. Murai leva les yeux vers le ciel qui lui semblait bien trop bleu pour être réel. Il repensait à bien des choses qu’il avait vécues avant d’arriver dans cette école et surtout à la dernière fois qu’il avait vu sa mère avant d’y être placé par son père. En même temps, si cette femme ne l’avait pas énerver à lui répéter que les Akatenshis n’étaient pas des personnes mauvaises mais des humains presque comme les autres, il n’aurait pas pété un câble et foncé sur elle pour la rosser… Il ne fallait pas énerver une personne comme lui, il le savait.

Ils n'auraient jamais du exister, ces humains même pas humain, Nakamura l'avait toujours pensé et même si il se rebellait contre les plans de ses parents et ceux de ma terre entière à l'heure actuelle, il était parfaitement déterminé à détruire ces créatures qu'il considérait comme des ennemies de l'humanité alors qu'en fait, il était lui-même en train de devenir son ennemi.

Nakamura soupira en attrapant les bords de sa veste en cuir rouge pour les rabattre sur lui car, il devait bien l'avouer, ce petit vent commençait à rafraîchir l'air ambiant qui était, quelques secondes plus tôt, vraiment agréable. Quand allait donc retentir cette sonnerie? Une heure devait au moins être passée depuis qu'il était allongé là mais il ne s'en rendait pas compte tellement il réfléchissait, dans le mauvais sens certes, mais il réfléchissait quand même.

L'air de rien, il était incroyablement bien installé sur ce banc à regarder les choses se passer autour de lui mais, intérieurement, il était en train de se dire que tout allait trop bien en cette journée de mai, le soleil brillait trop, personne n'était venu le chercher et il faisait calme, bien trop calme pour qu'il puisse encore profiter de son après-midi comme il le faisait là... C'est donc avec un nouveau soupir qu'il ponctua cette pensée, incroyablement impatient de savoir qu'est-ce qui ou qui allait perturber sa journée.

Gokudera était encore en train de réfléchir à ce qui allait venir perturber le calme de sa journée quand il entendit la sonnerie retentir : quelques petits instants et un professeur descendrait de l’une des classes afin de venir, avec tout le manque de délicatesse dont ils pouvaient faire preuve lorsqu’ils étaient de mauvais poil, le réprimander en lui expliquant qu’il était mal de sécher les cours, que cela n’était pas digne d’un élève de leur école et aussi peut-être qu’il allait aller trouver ses parents si cela se reproduisait.

Le jeune homme sourit en attendant cet instant mais il n’eut pas l’occasion de savourer ce discours de professeur car il venait de sentir un poids sur son torse, une chose qu’il connaissait pour avoir déjà connu cela l’année précédente…

« Kim… »

Sa voix avait été un soupir qui mêlait beaucoup de choses, la surprise de le voir arriver – car en effet il était surpris pour une raison qui sera expliquée plus tard -, l’exaspération de le revoir et la déception de ne pas pouvoir profiter du sermon bien corsé de l’un des professeurs de l’école. Il ne laissa cependant pas son ami dans le vent et se décida à lui répondre sans aucune teinte dans sa voix, elle restait désormais naturelle : il agissait toujours comme ça avec lui, surtout qu’il semblait de plus en plus collant à son égard.

« Oui, mes vacances se sont incroyablement bien passées, et les tiennes ? »

Bien entendu, il avait menti en lui expliquant que ses vacances s’étaient bien passées : il avait reçu la plus grande correction de sa vie de la part de son père : son derrière s’en souvenait encore…, il avait décidé de s’isoler dans sa chambre et il n’avait pas pris contact une seule fois avec ses camarades de classe car il était bien content de ne plus les voir pendant deux mois.

D’un autre côté il avait aussi eu des nouvelles de son ex petite amie et cela n’avait pas non plus arrangé les choses car il souhaitait oublier à jamais cette personne qu’il considérait comme un souvenir néfaste alors qu’il n’aurait en fait peut-être plus jamais la chance de rencontrer une fille aussi exceptionnelle sur la terre.

Il devait bien avouer que Kim ne lui avait pas vraiment manqué pendant les vacances, un pot de colle pareil, toujours sur son dos qui semblait ne jamais être prêt à le lâcher, n’importe qui aurait tout fait pour ne plus le fois, et cela pendant bien plus de deux mois, Gokudera en était certain.

Il ferma les yeux en soupirant car il venait de remarquer que les autres élèves les fixaient : lui aussi il commençait à douter sérieusement de la sexualité de ce pot de colle vivant qui semblait l’avoir pris pour cible mais, malgré ses habitudes trop franches, il se retint de le lui faire remarquer et se contenta de regarder ailleurs alors que celui-ci le fixait.

Ouais, il était beau, il le savait et il en était fier, ça n’était pas parce qu’un mec le regardait qu’il allait se mettre à rougir et à dire qu’il ne méritait pas qu’on le mate : il était comme il était après tout, tout le monde ne possédait pas sa chance d’être né de la graine de dieu.

Gokudera se demanda alors ce qu’il aurait fait si son « ami » avait été un akatenshi, un être détestable comme ils l’étaient… Il avait déjà de plus en plus de mal à le supporter au fur et à mesure que le temps passait et il avait du mal à imaginer ce qu’il se passerait si cela était le cas.

Un nouveau coup de vent fit voler les cheveux du brun qui les avait légèrement recoupé depuis l’année précédente, il ressentit alors un frisson tout le long de sa colonne vertébrale et replia un peu plus les bords de sa veste rouge sur son torse, croisant presque ses bras, pour éviter d’avoir trop froid. « En mai, fait ce qu’il te plait… » La bonne blague oui ! Il n’avait plus eu aussi froid depuis un moment et il ne regrettais pas d’avoir pris sa veste avec lui.