Je me baladais dans la ville depuis un moment maintenant. Je flânais sans but précis. Je voulais juste me faire une petite idée des alentours de l’académie. Je faisais du lèche vitrine en quelques sortes. Ceci dit ma situation financière actuelle ne me permettait pas de faire des folies. Je me contentais donc de regarder et de prendre un peu mes repères, j’allais en avoir besoin…avec mon sens de l’orientation légendaire…hum. Je jetais aussi un coup d’œil vite fait si jamais l’un des commerces devant lesquels je passais ne recherchait pas des employés. J’avais déjà dit non à un appartement à cause de mon porte monnaie qui s’était vidé plus vite que prévu et je n’avais pas envie de me serrer la ceinture constamment on de demandé de l’aide à papa-maman en France ! Alors il me fallait un petit boulot coûte que coûte ! Heureusement, plusieurs gérants s’étaient montrés assez conciliants et semblaient être intéressés, je leur avais donc donné mes coordonnés en espérant que l’un d’eux me contacterait…

J’étais tellement préoccupée par ça que je n’avais pas vu les heures qui défilaient encore et encore…et j’avais encore moins prêté attention au ciel qui commençait à dangereusement s’obscurcir. Mais j’étais là à marcher mécaniquement et d’un air absente au milieu des passants. Je passais inaperçue et je ne faisais pas vraiment attention à ce qui m’entouraient. J’aurais bousculé un passant que je ne suis même pas sûre que je l’aurais remarqué. J’avançais le regard perdue dans le vague…quand un éclair retentissant me fit sursauter et sortir de mes réflexions. La vache c’était violent ! Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que des pluies torrentielles se fassent ressentir. C’est alors que je me « reconnecta » au monde qui m’entourait, n’ayant pas prévue de parapluie je me mise à courir à toute vitesse pour trouver un quelconque abri. A ma surprise, tous les magasins ou bâtiment devant lesquels je passais était fermés…ceci s’expliqua lorsque je jetais un rapide coup d’œil à ma montre…mince il était vraiment tard ! Pas étonnant que tout soit fermé ! La pluie était tellement abondante que j’étais déjà trempée ! Je continuais de courir sans vraiment savoir où j’allais. Par chance, je vis que quelques magasins étaient ouvert plus loin. Sans me poser des questions, je me précipitai à l’intérieur d’un commerce au hasard.

Je pris quelques secondes pour reprendre mon souffle en m’appuyant contre le mur une fois à l’intérieur. En jetant un coup d’œil j’étais dans une boutique de vêtements apparemment. Je me dirigeais vers la cabine d’essayage pour voir mon état dans la glace…mon dieu j’étais complètement gaugée ! On avait l’impression que j’avais pris ma douche toute habillée ! Sans compter que je grelottais, à la limite de claquer des dents. J’étais frigorifiée…je priais pour ne pas avoir un rhume ! Pitié ! Tout mais pas le rhume ! Bref, je me retournai pour observer l’extérieur…mince la pluie ne s’arrêtait vraiment pas…si je restais comme ça j’allais attraper froid ! Pour éviter de rester sans rien faire, je bougeais un peu pour me réchauffer. C’est alors que j’eus la très mauvaise idée de presser le pas dans une allée…mes basket toujours aussi trempée me firent glisser et s’en suivie une gamelle monumentale ! Je suis sûre on m’aurait vue on aurait été mort de rire…numéro un à vidéo gag sans conteste.

Encore un peu sonnée et toujours étalée au sol, je redressais doucement la tête…et là ce fut le drame messieurs dames…j’avais entraîné quelqu’un dans ma chute ! Et pas qu’un peu…à cause de moi il était lui aussi étalé comme un crêpe sur le sol ! Merde ! Je l’avais pas remarqué…j’aurais due faire plus attention ! Et encore y a pire…telle ne fut pas ma surprise que je me rendis compte qu’en faite…j’étais à moitié sur lui et je l’écrasais ! Dés que je m’en rendis compte, je me redressai d’un bon, clairement gênée et mal à l’aise…raaaah mince alors…j’espère qu’il n’était pas furieux au moins ! C’est donc dans un geste assez maladroit et précipité que je me repencha vers lui pour l’aider à se relever tout en m’adressant à lui d’une voix tremblotante : « Mince…j-je suis vraiment désolée ! Je ne t’avais pas vue excuse moi…raaaaaah je suis désolée ! T-tu vas bien ? Je t-t’ais pas fait trop m-mal ? »

Mesdames et messieurs vous avez devant vous la reine incontestée de la boulette ma parole ! Je m’en voulais clairement, ça aurait été moi qui aurait été percutée comme ça j’ignore comment j’aurais réagi. Je serrais les dents, il suffisait qu’il soit de mauvaise humeur à la base ou même qu’il soit carrément furieux pour que je m’en prenne plein la gueule…

Je continuais d’observer avec inquiétude celui que j’avais bousculée par mégarde. Il avait vraiment l’air sonné…mince si jamais il fallait l’emmener aux urgences ?! Mon inquiétude grandissait jusqu’à ce que je le vis se redresser doucement et s’adresser à moi : « Ouais … Ça va … Juste un peu sonner. C’est logique de voir des éléphants roses ? ». J’eus un petit rire…ça va il n’avait pas l’air furieux, il a même gardé son sens de l’humour. C’est quand il se tourna vers moi que je constatais avec stupeur que son visage ne m’étais pas complètement inconnu…c’était un élève de l’académie ! Il s’appelait Kyung Rok Kim si ma mémoire ne me faisait pas défaut…à vrai dire, je n’étais même pas certaine de lui avoir adressé la parole ne serais-ce qu’une seule fois. Si j’avais appris son nom c’était par le biais des autres élèves, ce personnage excentrique et peu conventionnel était en effet bien connu de l’académie.

J’ignorais pourquoi, mais le courant semblait être difficile à passer entre lui et moi. J’ignorais complètement la raison de ce froid à chaque fois que l’on était pas loin l’un de l’autre. Il n’avait pourtant pas l’air méchant…mais il faut avouer qu’il m’agaçait par moment…j’avais la sensation qu’il faisait tout pour être le centre d’attention…cette manie de se mettre en avant en dépit des autres était usant à long terme. Pourtant, je n’étais pas du genre à avoir une gêne avec une personne sans raison, ceci dit ma timidité faisait que je n’avais jamais osé lui adresser la parole…forcément on se jugeait sans se connaître en quelques sortes. Forcément, l’entente était difficile dans ce cas. D’ailleurs, je me demandais bien ce qu’il me reprochait à moi…étais-ce à cause de mes origines ? Ou bien parce que j’étais tout simplement en quelques sortes différentes des autres ? Différente de la masse dans laquelle il excelle à briller ? Beaucoup d’interrogations dans le vide qui ne menaient à rien. Je vis bien qu’il aurait préféré avoir affaire à une autre personne que moi. De plus, le fait que ce soit moi l’auteur de cette maladresse n’arrangeait rien. Il s’adressa alors une nouvelle fois à moi : « Et toi … Ca va ? Je peux savoir ce que tu fiches ici ? Surtout de ce temps ? Tu es inconsciente de sortir sans rien pour te protéger ! Tu vas finir avec une grosse bronchite ! ».

Certes, même si sa voix était moins tendre à mon égard, je remarquais une certaine gentillesse dans ses propos. Ceci me déclencha un petit sourire…peut-être ne me détestait-il pas complètement tout compte fait. Ceci dit, je restais assez gênée…il avait l’air d’avoir un peu mal à la tête et je m’en voulais pour l’incident que je venais de provoquer. Je m’apprêtais à renouveler mes excuses quand je le vis s’éloigner, près à repartir. Il faut le dire, j’en avais plus qu’assez de cette mésentente injustifiée. Je regardais le rayon, lorsque je l’avais bousculé il avait l’air d’être près d’un haut Guess blanc…autant dire que ça m’étonnait un peu…un haut blanc comme ça, pour lui qui aimait les couleurs pétantes…personnellement je n’étais pas très friandes des grandes marques. Je préférais un beau vêtement bon marché plutôt qu’un haut classique d’une grande marque. Ceci dit s’il le voulait vraiment c’était idiot de sa part de ne pas le prendre juste à cause de ma présence. Je regardais le prix…non de…c’est clair que personnellement je ne pouvais pas me permettre une telle dépense, mais peut-être que lui si. Avant qu’il ne s’éloigne trop, je pris mon courage à deux mains et j’embarquai un haut Guess sur lequel il semblait avoir des vues. En faisant très attention de pas trébucher de niveau je posa ma main sur son épaule pour qu’il se retourne vers moi. Immédiatement j’inclinai mon buste tout en ajoutant clairement : « Désolée…c’est de ma faute si tu t’es fait mal…j’aurais due faire plus attention, excuse moi… ». « M’incliner » ainsi pour demander pardon me faisait comprendre que je commençais vraiment à prendre le pli de certaines coutumes nippones. Je restais ainsi quelques secondes avant de me redresser pour lui tendre le haut Guess en affichant toujours ce petit sourire désolé : « C’est ça que tu voulais nan ?...c’est marrant mais, j’aurais jamais crut que ce genre de haut pouvais t’intéresser…comme quoi. Y en a assez des préjugés tu ne crois pas ? ». Je m’étais adressée à lui d’une manière assez agréable, par là j’entendais que c’était idiot de ne pas s’entendre alors qu’au fond on ne se connaissait pas vraiment. Attendant patiemment sa réaction, je restais là à lui tendre le haut.