Il fait toujours bon de se balader en pleine journée, les cheveux au vent. En mai, il faisait encore supportable, cela n’était pas la pire des périodes de l’année au Japon et c’était une grande chance. Nakamura marchait lentement le long de la rue dans laquelle il vivait en pensant à des choses à d’autres quand tout à coup un bruit sourd se fit entendre devant lui, lui faisant relever la tête juste à temps pour apercevoir un homme allongé sur le sol à quelques mètres à peine de lui. Le voyant ainsi plein de sang, le jeune homme se retourne sans attendre en direction de la voiture qui vient de commettre ce crime horrible, ce crime irréparable selon lui. Un sentiment de haine envers la personne qui vient de commettre cet acte le prend soudainement et il tente en vain de résister à ce sentiment car, il ne le sait que trop bien, il a les nerfs à fleur de peau.

« Imbécile !!! T’as tué un mec et tu t’en fous ?!? »

Il s’égosilla ainsi durant quelques secondes avant de se retourner, réalisant qu’il n’avait pas porté une seule attention à la personne qui venait de se faire sauvagement renverser par ce chauffard… Il s’apprêtait à s’approcher de l’inconnu allongé sur le sol lorsqu’il le vit se redresser, l’épaule gauche à moitié déboitée et la blouse pleine de sang : il s’était pourtant fait percuter de plein fouet, non ?

« Monsieur ! Monsieur vous-êtes blessé !»

Il fit quelques pas vers lui en remarquant qu’il boitait mais à l’instant où il vit qu’il recommençait à marcher avec autant de légèreté que n’importe quel autre humain en bonne santé, Gokudera s’arrêta net : son sang ne venait en réalité que de faire un tour dans tout son organisme. Cette homme venait non seulement de l’ignorer complètement alors qu’il lui proposait son aide mais, en plus de tout cela, il ne faisait aucun doute qu’il appartenait à cette espèce de monstre… Oui, des monstres, c’est tout ce qu’ils étaient pour lui : des erreurs de la nature qui n’auraient pas existé. Nakamura avait tendance à oublier que les personnes comme celle qui venait de se relever étaient nées à cause de la bêtise humaine. Quelqu’un d’aussi impulsif que lui avait trouvé un moyen de mettre fin à la guerre d’une manière directe et froide, sans aucune humanité.

« Eh l’erreur ! Tu pourrais au moins m’écouter quand je te parle ! »

L’homme ne se retourna pas pour autant, il le vit qui continuait à avancer ce qui eut pour seul effet de l’énerver plus qu’autre chose. C’est donc d’un pas énergique et agressif qu’il s’approcha de l’inconnu qui continuait à avancer comme si de rien n’était.

« Eh ! Continue et tu ne vas pas devoir chercher longtemps pour me trouver ! On t’a pas donné d’éducation ?»

Il pouvait bien parler lui avec ses « Eh !Eh ! », enfant gâté comme il était, ça n’était pas étonnant de le voir passer ses nerfs de la sorte sur un inconnu qu’il considérait malgré tout déjà comme un ennemi. À sa hauteur, il posa sa main sur l’épaule de l’inconnu et lui fit faire volte-face. Nakamura s’adressa à lui d’une voix pleine de dégoût lorsqu’il aperçut le visage de l’homme qui avait du percuter le sol à la suite du choc.

« Ce que tu peux être moche… Des choses comme toi ne devraient pas exister. »

C’est vrai quoi, ils n’étaient inutiles dans le monde des humains. Mais Nakamura n’agissait-il pas ainsi par jalousie ? N’agissait-il pas parce qu’il était envieux vis-à-vis de cet homme qui, après avoir connu un choc mortel, était toujours debout comme si de rien n’était.

« Quelqu’un de bien serait mort de cet accident… Tu le sais ça ?!?!»

Gokudera jeta violemment l’homme sur le sol avant de se mettre à califourchon sur lui pour lui asséner une suite de coup de poing sous les cris d’une passante qui se trouvait non loin de là et qui ne tarda pas à aller chercher de l’aide. Nakamura, pendant tout le temps dont il put profiter pour assouvir sa jalousie et sa colère, asséna un flot de coups au pauvre homme qui ne devait pas être bien plus âgé que lui en réalité. Il associait à ses coups des paroles horribles qui décrivaient mieux que n’importe quoi d’autre le dégoût qu’il éprouvait envers les Akatenshis.

« Vous n’avez rien à faire dans ce monde ! Vous n’êtes pas des humains ! Vous êtes des monstres ! En plus de ça tu n’as aucune éducation ! »

Lorsqu’il prononça cette phrase, Nakamura sentit sur son poignet le contact glacé du métal : il l’aurait reconnu entre mille. Il ferma les yeux et soupira profondément.

« Vous m’arrêtez, c’est ça ? »

Le jeune homme leva alors les yeux tandis que le policier qui se tenait derrière lui attrapait son second poignet pour le relier au premier et ainsi immobiliser ses mains. Sa colère continuait de bouillir en lui mais il était impuissant face aux forces armées de la ville. Il se redressa, suivant les policiers qui venaient de l’informer de sa prochaine destination : le poste de police.

C’est donc avec un profond dégoût pour la scène qu’il venait de voir et qui n’était pour lui que pure injustice que Nakamura fit route vers le commissariat en compagnie de deux malabars en uniforme et armés.