Kosuke
Akimoto

I dunno if I can love u... but I don't know if I can help you... Kosuke Akimoto, né à Hiroshima au printemps, ce jeune homme aurait pu être un enfant comblé, joyeux même, car sa famille était plutôt aisée. Son père travaillait comme avocat dans un bureau réputé tandis que sa mère était médecin. Mais jamais le garçon ne fut-il choyé. On lui avait suffisamment répété que personne n’avait voulu de lui. Comme souvent son père lui disait, il était une erreur, un enfant qui n’aurait jamais du naître. Et cette phrase, il l’avait très rapidement comprise. A peine marchait-il et parlait-il, qu’il fut totalement délaissé. On le cloîtrait dans sa chambre, on lui hurlait de se taire et, si par malheur pleurait-il, une gifle magistrale s’abattait sur son visage déjà trop meurtri. Cela dura longtemps, et le pire était la double personnalité que jouait ses parents. Au travail ? Irréprochables. A la maison ? Ce n’était même pas de la méchanceté. Lorsqu’ils invitaient leurs amis, Kosuke avait le droit de sortir de sa chambre et si des questions se posaient sur son visage gonflé, on répondait qu’il était tombé en vélo. Quand il allait à l’école, ses géniteurs paraissaient tellement gentils, attentionnés et aimants, que les instituteurs ne faisaient aucun commentaire. « Un enfant turbulent, qui en fait voir de toutes les couleurs à ses parents ! » Voilà pour quoi il passait. Au fur et à mesure qu’il grandit, le petit garçon se mura dans un silence profond. Il ne parlait plus, mangeait encore moins qu’avant et ses émotions se confondaient pour finir par s’estomper. Définir la joie des larmes lui était impossible. D’ailleurs, ce premier sentiment, il ne le connaissait pas. A l’adolescence, enfermé dans sa chambre, dans le noir, il découvrit comme un « pouvoir ». Ses yeux percevaient parfaitement les formes de sa penderie, de son lit et de son bureau. Il se compara même à un félin, le chat, qui peut, parait-il, voir dans le noir. Kosuke se posa alors de nombreuses questions sur ce phénomène étrange qui venait d’éclore. Était-il normal ? Était-ce pour cela que ses parents le détestaient ? Non, bien sûr que non, ils ne pouvaient pas savoir. Alors, d’autres possédaient-ils eux aussi cette vision ? Il l’ignorait complètement. Mais il ne comptait pas demeurer dans cette méconnaissance. Ce fut à la bibliothèque de son collège qu’il découvrit son don qui portait le nom de « nyctalopie surdéveloppée », ou plus simplement, la capacité de voir dans la pénombre. Et, dans la même journée, il surprit une discussion entre deux élèves au sujet de la bombe Hiroshima. Il paraîtrait que certains des survivants auraient contracté des gênes surnaturels, leur permettant d’être différent… Kosuke développa davantage ses recherches et peu à peu, il comprit qu’il était peut-être comme ces survivants, un akatenshi. Mais alors, qui de son père ou de sa mère lui avait transmis cela ? Il ne le leur demandait plus jamais… La seule fois où il osa poser une question, cette question, à son père, ce dernier lui fit bien comprendre qu’il n’avait pas intérêt de renouveler sa requête. Et le soir même, Kosuke, alors âgé de quinze ans, fugua du domicile familiale. Il erra longtemps dans les rues, prit le métro sans payer, se fraya un chemin parmi la foule à Tokyo et leva les yeux au ciel. Celui-ci semblait pleurer à sa place tant l’eau qui en tombait s’écoulait en trombe. L’adolescent démunit, seul, ne sachant absolument pas quoi faire, se laissa glisser contre un mur. Il ferma les yeux et attendit. Pour uniques compagnons les rats, il ressemblait à un de ces sans-abri qui arpentait les ruelles sans réel autre but que de survivre. Mais, un peu avant la fin de l’automne, on posa une main sur son épaule et on l’aida à se relever. Une vieille femme, au visage si chaud, si gracieux et emplit de bonté derrière ses rides, esquissait un sourire en lui tendant la main. Elle ne lui adressa pas la parole, mais lui fit signe de la suivre. Kosuke, étonné, s’exécuta et il se retrouva quelques temps après dans une charmante demeure en banlieue. La grand-mère le poussa au coin du feu, entourant ses épaules d’une couverture polaire, et lui offrit de quoi se restaurer convenablement. Le jeune homme ne put ni la remercier, ni lui sourire, ni même pleurer, mais la vieille femme comprit qu’elle l’avait sauvé. Plus tard, l’akatenshi, vivant toujours chez son hôte, changea du tout au tout. Il ne voulait plus être une personne faible. Désormais, il allait prendre un nouveau virage. Il prit du poids, troqua ses haillons contre des vêtements d’un noir profond et se teinta les cheveux en blond. Il souhaitait déranger et être remarqué. Qu’on vît enfin qu’il existait et qu’il était fier de cela. Ensuite, il se fit percer la lèvre inférieure et les oreilles. Son look ne passait pas inaperçu et ce fut d’ailleurs cet hiver-là qu’il connut deux relations - qui se passèrent mal. Se redécouvrant lui-même, Kosuke ne supportait plus aucun contact physique. Personne ne devait le toucher, il ne l’admettait pas, car si on ne faisait que l’effleurer même, c’était obligatoirement parce qu’on lui voulait du mal. Il restait coincé et entravé par la relation avec ses parents : si on posait une main sur lui, on le battrait. Pour le garçon, c’était une évidence. En peu de temps, il devint méfiant du monde qui l’entourait, à l’exception de sa grand-mère qu’il aimait plus que n’importe qui d’autre, quelque peu je-m’en-foutiste, peu communicatif et peu communiquant. Cette petite guerre s’estompa légèrement lorsqu’il fut inscrit à Kuroi Tsuki. Dans cet établissement, il préfère raser les murs et ne pas trop se faire remarquer par les autres élèves, de peur surtout qu’on lui demande de parler de son passé trop lourd à porter. Il n’a pas d’amis, a redoublé sa deuxième année, son rêve le plus cher est de sourire un jour et sa nyctalopie est son secret. On peut tout à fait penser que dorénavant, il est un jeune homme comme les autres… Ou pas. Kosuke il est : Renfermé Solitaire Méfiant Peu bavard