Laisse-moi être comme toi. Laisse-moi plusieurs fois. Laisse-moi être tes yeux. Laisse-moi faire l'amoureux.

Il ne vous faudra pas de lunettes pour le remarquer..Soo n'est pas ce genre de fille sur qui on attarderait son regard dans la rue. Pas en tant qu'hétéro masculin, du moins. Loin de là ! Et pour cause, elle "ressemble à un garçon", comme on le lui a bien souvent dit. Étrangement, entendre cela lui faisait plaisir ; Soo Ji n'a jamais aimé ce qu'elle était ; une fille. Ces formes, ces traits fins, elle les aimaient, mais seulement sur d'autres visages, sur d'autres corps. Elle n'admirait que les garçons avec leur façon d'être. Au début, cela lui faisait peur. Cette jalousie envers les garçons, ce dégoût d'être ce qu'elle était. Ce fut quelques évènements qui finirent par la pousser à devenir ce qu'elle est aujourd'hui.

Certains pensent que ce n'est qu'une période. Comme l'ado qu'elle est encore un peu, Soo Ji se cherche. Faux. Des baskets aux jeans trop larges, aux t-shirt trop grands, Soo Ji sait parfaitement qui elle est. Du moins, ce qu'elle aurai tant voulu être. Car elle est et restera cette jeune femme au visage fin, à la silhouette fine même si elle la cache sous ses vêtements masculins trop larges. Un visage aux traits précis, au sourire enfantin, au regard chocolaté. Doté de lèvres rosées et d'un petit nez. Au dessus, des ..cheveux, quoi. Courts, toujours, parfois blonds, parfois bruns. Sa peau dorée porte quelques piercings particulièrement aux oreilles.

Maintenant on le sait ; Soo Ji s'habille comme un garçon. Seulement, elle varie. Jamais trop de noir, ni trop de rose. Elle porte toutes les couleurs, selon son humeur. Allant de l'excentrique au banal. Vous connaîtrez son humeur rien qu'à sa façon d'être vêtue. Aux couleurs électriques pour les jours de folie, d'anarchie, aux tons les plus sombres pour les jours de pluie..tout cela sans oublier ses fameuses casquettes LA qu'elle aime tant porter.

Je rougirai quand je te verrai
Et quand je te parlerai
Mais quand les lumières seront éteintes
Je te dirigerai sans crainte

Soo Ji est une demoiselle au caractère assez particulier. C'est le type même de la fille qui ne se soucie de rien ni de personne. Largement "je m'en foutiste". Ceci dit, peut-être pas tant que cela parce qu'avant tout, elle est observatrice. Elle regarde toujours ce qui se présente à elle avant de parler. Oui, elle sait réfléchir sur certaines choses et prend son temps pour le faire. Soo est d'ailleurs une personne assez calme, seulement méfiez vous de l'eau qui dort...Rebelle, elle n'a pas de limites et se dit être sans gêne chose qu'on remarque assez vite chez elle. Oui, parce que Soo est à l'aise avec n'importe qui, n'importe où et n'importe quand ce qui fait d'elle une personne sociable et chaleureuse. Elle ne montre jamais ce qu'elle ressent. Il y a toujours sur son visage un air indifférent presque déstabilisant. Vous ne verrez de sentiments ou d'émotions sur son visage que lorsqu'elle aura une guitare entre les mains ou de la musique dans les oreilles. S'il y a bien une chose a retenir, c'est la passion qu'elle porte à la musique.

Tout comme ses rêves, Soo est solitaire. Elle ne cherche pas vraiment la compagnie des autres bien qu'elle ne la rejette pas non plus car celle-ci lui serait vitale. Certes, la jeune femme a toujours besoin d'être entourée. Même si on lui parle pas, la simple présence des autres la rassure. Soo n'aime pas les choses parfaites, les trucs romantiques, la routine, et les matins sans son café et sa cigarette. Elle, ce qu'elle aime, c'est faire n'importe quoi dans une indifférence certaine, se faire peur, se lancer des défis et défier les autres. Danser, aller en soirée, chanter et jouer de la musique et surtout regarder son plafond quand elle est défoncée. Soo bois, fume, et ne s'attache pas aux gens. Enfin si mais c'est rare et quand cela arrive, elle se donne à fond pour ces rares personnes. C'est un grand n'importe quoi a elle seule. Cela dit, il est mieux de savoir que Soo Ji se comporte également en fonction de votre caractère à vous. Si vous êtes joueurs, elle le saura aussi, sachant que les défis la passionnent. Risquer sa vie, se mettre en danger, se faire peur elle adore. Elle peut être aussi gentille douce, que le contraire. Tout en restant elle même, cela va de soit.

Elle traçait ma vie comme lorsqu'elle dessinait le visage de celui qu'elle aimait sur un bout de papier, ou sur le coin de sa table. Tout avait commencé par ses yeux bleus dans lesquels elle aimait se plonger, se noyer, sans jamais manquer d'air, sans jamais toucher le fond. Lorsqu'elle m'en parlait, maman portait un regard pétillant, au fond desquels une flamme insolente dansait sans arrêt consciente que jamais rien ne pourrais l'éteindre. Il y avait ces jours où je restais des heures entières, assise sur le sol de son atelier, à la regarder dessiner. A l'écouter me parler de tout de rien, de sa jeunesse, de sa rencontre avec papa et de ma naissance sous mes yeux ébahis de petite fille animée de questions. Ma naissance..

Ce jour là, il pleuvait. Papa jouait du piano dans sa chemise noire, les cheveux en bataille, ses yeux bleus habité d'un regard perdu, c'était ainsi à chaque fois qu'il jouait de la musique. Qu'entre ses mains, il y avait cette magie d'ensorceler les coeurs avec ces notes. Maman rentrait du marché, emmitouflée dans sa veste trempée, les cheveux attachés en une longue tresse désordonnée. Elle était pâle, peut-être un peu fatiguée. Elle retira sa veste et ses chaussures qu'elle laissa en vrac au pied de la porte, sur le paillasson. Doucement, elle se glissa derrière son mari, l'enlaçant calmement. " Bonjour mon chéri " soufflai-t-elle à son oreille comme à chaque fois. Alors il laissait la musique mourir; se retournait, la contemplait dans son silence pour enfin lui sourire et la saluer avec ses signes. Ce ne fut que quelques heures plus tard que les douleurs commencèrent à venir. Et que maman perdit les eaux. Et plus tard encore qu'on me nomma. " Soo Ji.."

Jusqu'à mes 7 ans, je vécu comme enfant unique, m'enfermant dans un monde que seule moi avait la clef. Je restais des heures dans les rues, dans des maisons abandonnées, à chercher des cachettes secrètes ou encore à faire du grenier de mamie un château de conte de fée. On m'avait envoyée chez elle pendant quelques jours. Mamie disait qu'il y aurait une surprise lorsque je rentrerais. Qu'il y aurait un petit frère. Moi, je ne savais même pas ce que c'était que ça. Papa vint me chercher. Arrivés à la maison, une atmosphère chaleureuse régnait dans la maison. Il y avait le parfum d'un gâteau au chocolat en train de cuir, celui de café frais et de chocolat chaud et dans mon tas de jouets, le chat ronronnait. Dans les bras de maman, un bébé.

J'avais si peur qu'il me vole ma mère, mon père et mon chat. Ce bébé, je le détestais déjà. Hyeon. C'est ainsi qu'ils le nommèrent. Je ne l'aimais pas. Je n'en voulais pas, de cet intrus dans mon monde. Jusqu'à ce que je n'apprenne lorsque j'avais 14 ans, et lui 7 ans, qu'Hyeon était porteur d'un cancer, une leucémie à un stade déjà bien avancé. C'est à ce moment que je l'ai pris dans mes bras, sentant son coeur battre contre ma peau comme s'il avait attendu ce jour depuis sa naissance. Je l'emmenais dans mon monde qui très vite devint le notre. Nous allions courir dans les chemins les jours de pluie, la boue tâchant nos vêtements, le coeur fou. Sans savoir où nous allions, sans même se poser de questions cherchant à fuir l'inévitable, nos regards remplis d'un espoir que nous savions perdu d'avance. Seulement nous ne voulions pas y croire. Quelques mois plus tard, alors que j'étais en cours, la secrétaire vint me chercher. Elle avait l'air grave et avait tellement de mal à trouver ses mots. Elle fini par faire de longues phrases désordonnées pour finalement m'annoncer que mes parents s'étaient donné la mort dans un accident de voiture après avoir appris que mon petit frère était entré à l'hôpital pour un traitement. L'espoir n'était plus..J'aurais cru que tout cela m'aurait éteinte. Au contraire. Je devenais plus forte comme si je devais vivre pour deux, à présent. C'est à cette période que je découvrais un étrange don. La peur m'envahissait, l'intrigue me dévorait. Horrifiée, grand-mère m'envoya ici. M'assurant que c'était pour mon bien. Sans m'avoir annoncé le décès de mon frère. Quand nous n'étions que des gosses, il disait que dans mes yeux, il y avait un autre monde..