J’étais au gymnase depuis un long moment déjà, je mis la chaine hi-fi en pause pour reprendre mon souffle et me dirigea vers mes affaires que j’avais posée dans un coin de la salle. Je fouillais un peu dans mon sac avant de sortir ma montre…la vache ! Il était 22h passée !...Cela faisait donc plus de trois heures que j’étais au gymnase…remarque ce n’était pas la première fois que je restais si tard... En effet, je n’étais pas à l’académie depuis longtemps, quelques jours à peine. Tout ce que j’espérais c’est qu’il n’y avait pas de couvre feu…remarque, cela faisait plusieurs soirs de suite que je squattais ainsi le gymnase le soir venu. Au moins il n’y avait personne et j’étais tranquille. Et puis je faisais toujours très doucement quand je rentrais à l’internat, de façon à ne pas réveiller mes camarades de chambres. Même si j’étais persuadée qu’à un moment ou à un autre elles se poseraient la question de ce que je pouvais bien faire pour revenir dans un piteux état chaque soir…car oui je m’entrainais jusqu’à l’épuisement. D’ailleurs, les courbatures et les bandages pour masqués les hématomes étant devenu presque monnaie courante depuis quelques jours. Quel genre d’entraînement je menais vous demandez-vous sûrement. Et bien c’est très simple, depuis toujours, je nourrie un rêve. Un rêve très puissant qui fait partie intégrante de ma vie et de mon être. Mais j’ai la sensation de ne jamais être prise au sérieux lorsque j’en parle autours de moi, ils disent que je me fais des illusions. D’autres encore m’encouragent pour la forme mais n’y croient pas vraiment. Bref, ils jugent alors que je ne leur ait jamais fait de démonstration concrète. En effet, je n’avais encore montrée à personne mes compositions, je n’avais encore fait écoutée à personne ma véritable voix, et je n’avais jamais dansé « officiellement » devant personne non plus. En d’autres termes, personne ne savaient qui j’étais vraiment car je refusais tout simplement d’aborder le sujet, fatiguée de n’avoir personne capable de vraiment croire en moi concrètement ou quelqu’un en mesure de comprendre.

Depuis toujours, c’était seule que j’avançais. C’était seule que je progressais et que je me débrouillais. Dans chaque art que j’exerçais, j’étais entièrement autodidacte, les seuls cours que j’ai pût prendre sont des conseils pêchés par-ci par là sur le net. Me déchirer jusqu’à l’épuisement pour être contente du résultat ne me faisait pas peur. Mais au fond, même si j’essayais de paraître de béton, j’avais la trouille. La trouille que mon rêve reste une éternelle illusion. Je me tuais littéralement à la tâche pour y arriver, mettant carrément ma santé et ma vie en danger par ce travail intensif. Il était tard c’est vrai, mais étant perfectionniste je n’étais pas contente de ce à quoi j’aboutissais. C’est pourquoi à peine eu-je poser un œil sur la montre que je la reposais pour me remettre au milieu de la salle en me regardant dans le miroir qui longeait tout le mur. J’étais en mini-short en dessous duquel j’avais mis un collant noir un peu transparent, pour le haut j’étais en débardeur noir assez moulant. En d’autres termes j’étais à l’aise pour bouger. On voyait clairement que cela faisait plusieurs heures que je m’entrainais, mon souffle restait fort et j’étais en sueur. Mes membres étaient dangereusement tremblant tant je m’entrainais durement. On voyait clairement que je n’en pouvais plus mais néanmoins je continuais même si tout mon corps me faisait souffrir. Je m’apprêtais à remettre la chaine hi-fi en marche quand j’entendis un bruit bizarre. Je me retournais plusieurs fois pour savoir d’où cela pouvait bien venir mais je ne remarquai rien de suspect. C’est pourquoi je n’y accrochais aucune importance en me reconcentrant sur mon travail.

Je remis la musique en marche, le son de Rescue des Kat-Tun retentit alors. J’étais à fond sur cette chanson en ce moment, pour la simple et bonne raison que le rythme m’entrainait et qu’elle me touchait. A chaque fois je sentais mon cœur battre au rythme de la musique, comme une réponse. A peine la musique démarra que je rouvris les yeux et mon regard changea complètement. C’était comme si j’étais une autre personne. Mes yeux étaient habités par un feu ardent de détermination et de passion. La chorégraphie que j’effectuais étaient ampli d’émotion, même si je savais que la technique n’était sûrement pas parfaite j’étais sûre d’une chose, elle dégageait beaucoup d’émotions et était très expressive. Sans compter que je l’avais entièrement inventée, elle exprimait avec force mon ressentie et était extrêmement dynamique et il faut le dire, fatigante car elle était loin d’être rigide. Tout mon corps bougeait, je jouais de ma souplesse féminine naturelle en accentuant quelques peu les mouvements pour apporter une touche de sensuel de temps en temps. Je n’hésitais pas à enchaîner les mouvements les plus casses gueules, en me mettant au sol et en me relevant la seconde d’après. Sans compter que je devais être synchro avec la musique pour que les mouvements correspondent parfaitement. Je n’appartenait pas à un style particulier, mais si toutefois on devait le comparer on pourrait alors le rapprocher aux styles de chorégraphies que l’ont retrouvait dans les clips actuel des boys band japonais et coréen tout en ajoutant des mouvements plus féminins bien sûre. A chaque infime mouvement, mon corps emplie de courbatures me faisait atrocement souffrir mais je tâchait de faire que la douleur ne se voit pas, j’étais entièrement portée par la musique et je la ressentais pleinement. Passion, énergie, émotion, détermination, voila ce que je dégageais en résumé. J’étais complètement dans mon monde.

La chanson finie par se terminée, je gardais la pose finale quelques secondes avant de littéralement m’écrouler par terre. Mes jambes et mes bras tétanisaient et ma respiration était très instable. C’était claire, je repoussais vraiment mes limites. Je savais très bien que ce que je faisais était très dangereux pour moi, mais ce n’est pas ça qui m’arrêtait. Ceci dit j’essayais de me redresser, luttant contre la douleur qui devenait presque insupportable. J’étais tellement épuisée que je respirais à pleins poumons et que mon cœur battait si fort que je crus qu’il allait m’arracher la cage thoracique. Dans un gémissement de douleur je parvins à me redresser, je restais ma tête basse à fixer le sol quelques instants avant que, sans le prévoir je me mette à chanter la chanson que je venais de danser.

Encore une fois, j’avais une voix bien à moi. C’était ma véritable voix. Elle était puissante et j’essayais d’y mettre le plus de conviction et d’émotion possible. A mon oreille, ça sonnait bon, je chantais juste et j’arrivais à avoir un vibrato naturel. Ma voix raisonnait dans le gymnase et au fil du chant une larme coula le long de mon visage. Pas parce que j’avais mal ou parce que j’étais épuisée mais parce que j’étais une hypersensible comme on en voit rarement. Je vivais pleinement chaque chose que je faisais et à chaque fois c’était une véritable implication personnelle et émotionnelle. Même si j’étais à la limite de m’écrouler à nouveau par terre je n’étais pas moins dénuée de mouvement. Mouvements peut-être moins intense que la chorégraphie que je venais d'effectuer vue que là je me concentrais plus sur le chant. Ceci dit mes mouvements restaient toujours bien expressifs quand même. Ceci dit ce qui devait arriver arriva, mes jambes et mes bras qui n’en finissaient pas de tétaniser me lâchèrent encore une fois. J’étais à limite d’exploser en sanglots mais je me retenais. Une fois au sol, je donnais un énorme coup de poing sur le sol en hurlant un « Kuso ! ». Je retenais mes sanglots, j’étais à bout. Cette fois il allait falloir que je rentre à l’internat, je savais que je n’arriverais plus à rien dans cet état. C’est donc avec difficultés que je me relevais. A peine me suis-je redressée qu’un autre bruit attira mon attention. Je me retournais pour voir d’où cela provenait, peut-être que c’était la même cause que le bruit que j’avais entendu plus tôt. Je pensais qu’il s’agissait sûrement d’un objet qui était tombé à cause des vibrations de la chaîne hi-fi, mais il n'en était rien. C’était avec stupeur que j’aperçus le véritable hauteur de ce bruit…il était donc là…depuis tout ce temps !?

J’étais droite comme un « i » et on ne peut plus crispée. Je le regardait avec les yeux écarquillés…nan c’est pas possible…dîtes moi que c’est pas vrai ! Il était quand même pas resté là à m’observer depuis le début quand même…si ? Le bruit que j’avais entendu provenait donc de l’emballage de ce truc qu’il tenait dans la main. Plus je le voyais s'avancer vers moi plus j’étais tendue…mince, qu’est-ce que je devais faire ? Si ça ne tenait qu’à moi je me serait sans doute barrée en courant ! D’ailleurs je fis un mouvement à peine perceptible en reculant ma jambe droite, prête à me retourner et à m’enfuir. Mais j’interrompis mon mouvement très rapidement, le fait que j’étais si tendue ne faisait qu’accentuer la douleur. A vrai dire, je crispais mes jambes et mes bras au maximum pour que les tremblements ne soient pas perceptibles…mais c’est dingue comme ça faisait mal ! Autant le dire clairement, j’avais la trouille ! Qu’est-ce qu’il voulait ? Allait-il se moquer ou… ? Il s’arrêta en face de moi, il n’avait pas l’air méchant, au contraire. Mais je préférais me méfier des apparences, d’ailleurs je me demandais quel âge il pouvait bien avoir…chose à laquelle je renonçais au premier coup d’œil. J’avais déjà du mal à attribuer un âge aux occidentaux mais alors aux asiatiques c’étaient encore pires…j’aurais put lui donner mon âge comme dix ans de plus que ça ne m’aurait pas choqué. Je le fixais droit dans les yeux, mon regard qui traduisait clairement ma fatigue était néanmoins dur vis-à-vis du nouvel inconnu. Je décidais de rester en face de lui tout en gardant ma jambe droite légèrement décalée vers l’arrière pour pouvoir détallée à ma guise. Je le vis alors me tendre ce qu’il tenait depuis tout à l’heure…nan…un Pitch ?! C’est quoi ce délire ?! Je fixais la pâtisserie d’un air clairement étonnée et confus à vrai dire. J’avoue que la fatigue et la surprise ne faisait pas bon ménage, je regardais le Pitch comme si un extra-terrestre venait de me tendre un objet non identifié. Son rire me sortis de ma confusion comme pour me réveiller. D’un coup, je relevai la tête pour le regarder dans les yeux tout en fronçant les sourcils, j’étais dans le brouillard c’est le cas de le dire.

"Excuse-moi mais ton expression est tellement drôle! Haaa ! Enfin…Tiens prend le tu dois être morte de faim après tant d'efforts !"

Je continuais de le fixer avec étonnement, j’entrouvris la bouche pour répondre mais aucun son ne sortit. Je restais là plantée comme un piquet, me concentrant à vrai dire pour faire genre « je vais bien, j’ai pas mal » et surtout faire en sorte que mes jambes ne me lâchent pas une troisième fois devant lui. Mon visage restait figé tant j’étais sonnée, c’est alors qu’il reprit la parole :

"Je t'ai vu danser…Tu es vraiment impressionnante…Je voulais t'applaudir mais tu ne m'en as pas laissé le temps…Tu m'as beaucoup inquiété à tomber la première fois…Il ne faut pas que tu te fatigues autant ! Et concernant ton chant…C'est dommage que tu aies manqué des notes par ton manque d'énergie…Si tu veux je peux t'aider à t'améliorer. Car tu as beaucoup de talents que tu n'exploites pas assez je trouve…Qu'en penses-tu?"

Le silence dura encore quelques secondes. Soudain je fus prise d’un fou rire, qui n’avait rien de naturel à vrai dire…en faite c’était un fou rire nerveux. Je ne me moquais pas de lui, c’est juste que j’avais clairement l’impression de débloquée et d’avoir une hallucination. Mon interlocuteur n’imaginait sûrement pas la valeur que ses mots avaient pour moi. Il était gentil, compréhensif et en plus ses paroles n’étaient pas du vent apparemment. On aurait vraiment dit qu’il croyait en mon potentiel et ses dires étaient censés. Prenant conscience de l’hypothèse que ce que j’avais en face de moi était réel et non pas une hallucination du au surmenage, je perdis soudain le sourire d’un coup tout en continuant de le fixer. Sans prévenir, je laissai échapper un monumentale « HEEEIIIN ?! » à la limite du caricaturale et l’expression qui va avec bien sûre. Du coup j’en avais relâché ma concentration et tomba de nouveau par terre. Cette fois je ne m’étalais pas complètement, j’étais simplement assise par terre. Naaaan…c’était pas possible…Mon regard était perdu dans le vague et oscillait. Je ne cherchais plus à cacher ma fatigue, comme avant, je respirais à pleins poumons, mon sang circulait si vite dans mon corps que j’en avais presque mal à la tête. Je devais sûrement être rouge comme une tomate. Quant à mes jambes et mes bras, je relâchais mes efforts et autant dire qu’ils tremblotaient dangereusement. Ma respiration était instable voir clairement inquiétante. D’un bras on ne peut plus tremblant et on ne peut plus dénuer de force, je saisis ce qu’il me tendait en murmurant un « merci » étouffé. Je relevais la tête pour le regarder de nouveau…bon j’avais pas 36 solutions pour savoir si j’hallucinais ou pas. Très délicatement je mordis dans le Pitch qu’il m’avait tendu…et je confirmai que ce n'était pas un mirage. Me rendant compte que je n’étais pas en train de rêver mes yeux s’écarquillèrent de nouveau avant de laisser éclater : « PUNAISE JE MANGE UN PITCH ! ». Mon interlocuteur allait sûrement me prendre pour une folle. Je ne disais pas ça parce que j’étais traumatisée par les Pitch et parce qu’en manger aurait relevé de l’exploit dans ce cas là mais parce que je me rendais vraiment compte que c’était réel. De suite je redressai mon regard sur mon interlocuteur. « Oh mince...enfin je veux diraaaAAH…mauvaise idée… ». J’avais essayé de me remettre debout rapidement mais ma phrase fut coupée par un gémissement de douleur au moment même ou je crispais le bras pour m’appuyer contre le sol. C’est donc en me remettant assise et en grimaçant légèrement que j’avais souligné que me relever était une mauvaise idée…et oui je ne suis pas wonderwoman, faut pas pousser mémé dans les orties non plus hein ! Hum…bref.

Je restais assise face à l’inconnu, mes yeux devenaient légèrement humides car, je l’avoue, j’étais émue par ce qu’il avait dit. La première fois qu’une personne semblait vraiment croire en moi…la première fois qu’on me félicitait…ses éloges me procurèrent un sourire reconnaissant à son égard. Qu’on me dise ça…c’était presque trop beau pour être vrai. Il m’apportait un véritable soulagement… « Impressionnante »…je méritais vraiment un tel qualificatif ? Quoiqu’il en soit, c’était toujours avec ce sourire sincère que je le regardais dans les yeux en déclarant : « Merci…c’est très gentil vraiment… ». Je marquais un temps de pause avant de reprendre d’un air un peu plus « détendue » *oui parce qu’en attendant mes bras et mes jambes grelottaient toujours comme ceux d’une grand-mère sénile…* : « Mais n’en fait pas trop non plus…il n’y a rien d’exceptionnel là dedans. Une pauvre fille qui s’attache désespérément à un rêve surréaliste n’a rien d’impressionnant…je ne suis qu’une amateur après tout…au fond je ne suis personne… ». Vous l’aurez sans doute remarquez, j’ai une fâcheuse tendance à me rabaisser…ça dépendait des moments en faite.

Sans vraiment attendre de réponse je soupira en ajoutant : « Même si au fond, cette pauvre fille minable en face de toi a envie de leur en mettre pleins la vue et de leur prouver qu’ils ont tors…parce que ça compte vraiment pour moi…alors, s’il te plaît…je préférerais que tu n’en parles à personne…moins de gens sont au courant de ce que je fais dans ce gymnase et mieux c’est pour moi… » J’avais conscience que mes paroles pouvaient être mystérieuses et que le « gentil inconnu » devait sûrement ne pas tout comprendre de ce que je voulais dire par là et qu’il devait sûrement se poser des questions. De toute les manières j’avais été percée à jour…alors si jamais il avait des questions je me suis dit que j’allais lui répondre franchement…après tout puisqu’il était au courant maintenant, à quoi bon faire la mystérieuse…sans compter qu’il avait l’air prédisposé à m’aider. D’ailleurs en y repensa mon regard devint interrogateur avant de lui dire : « Quand tu dis que tu peux m’aider…tu es sérieux ? Je ne plaisante pas avec ça et je te préviens tout je suite je suis une acharnée de première…t’es vraiment sûre de vouloir t’engouffrer là dedans ? ». A chaque fois que j’avais pris la parole, et comme à chaque fois que je m’adressais à quelqu’un depuis mon arrivée au pays du soleil levant, j’essayais de rendre mon accent français imperceptible. A mon oreille c’était correct…mais pas de doute qu’un japonais *ou même un coréen* remarquerais ce petit accent que j’essayais de cacher. C’est donc en restant toujours au sol et mon regard posé sur lui que j’observais sa réaction.

Je l’entendis alors me répondre d’un simple « oui ». Malgré cette réponse positive, je fronçais les sourcils, il avait l’air assez absent…je n’étais pas certaine que son attention était au maximum me concernant. Je continuais de le fixer, attendant un suite à ce « oui » qui au final ne m’en révélait pas beaucoup. Je n’étais pas certaine qu’il avait compris l’ampleur que cela avait pour moi et j’étais encore moins certaine qu’il se soit rendu compte de l’enjeu me concernant. Si toutefois il était vraiment prédisposé à m’offrir son aide, alors il est clair qu’il faudra que je lui expose mes motivations, cash. Sortant de mes réflexions, je l’entendis reprendre la parole : "Tu ne dois pas te surmener de la sorte. Un travail parfait c'est aussi savoir prendre soin de sa santé." Un « travail parfait » ? Comme si cela était possible, moi qui suis une parfaite imperfection il allait avoir du pain sur la planche dis donc. De mon point de vue, m’acharner autant faisait parti de mon caractère. Je voulu lui répondre mais je me résignais à me taire lorsque je le vis se mettre à ma hauteur. Ce petit geste d’attention me fit esquisser un petit sourire. Ceci dit, mes sourcils se froncèrent de nouveau lorsque je le vis prendre mon bras gauche. Il effectuait des gestes assez étranges sur celui-ci, pour ne pas me montrer impolie je le laissais faire sans vraiment comprendre. Il s’adressa de nouveau à moi : « Ne t'en fais pas, je suis médecin à mes heures perdues. C'est-à-dire pas très souvent mais je sais ce que je fais. Ai confiance en moi. Je t'aiderais à perfectionner ton chant mais aussi à te trouver un bon équilibre de vie quoi qu'il m'en coûte. ». LA VACHE ! Utiliser des mots comme ça avec une hypersensible comme moi…il voulait que je chiale ou quoi ?!...m’enfin, je lui étais reconnaissante quand même. Bien que j’essayais de le cacher, j’étais clairement émue. Il m’aidait sans raison, sans même chercher à savoir ou à comprendre qui j’étais, sans rien attendre en retour. Plus je le regardais, plus je le trouvais sérieux. Il semblait vraiment impliqué et sincère…pouvais-je vraiment lui faire confiance ? Le fait qu’il parle d’avoir un bon équilibre de vie pour moi me fit avoir un petit rictus…pour une folle comme moi bonne pour la camisole, me ménager n’était pas à l’ordre du jour. J’aurais le temps de me reposer quand je serais morte ! Faire les choses à moitié ? Et puis quoi encore ?! A 80 ans j’y suis encore si je ne me donne pas à fond ! Hum…bref, toujours est-il que cette aide inattendue me surprenait agréablement tout de même. Il avait l’air de s’y connaître…était-ce un étudiant qui voulais bosser dans la musique ? Sûrement. Ceci dit la fin de sa phrase m’avait interpellée, ainsi il m’aiderait « quoiqu’il lui en coûte » ? J’avais du mal à saisir cette nuance…il était donc vraiment près à m’aider et à s’impliquer sérieusement ? Et bien on aurait bien dit en tout cas.

Je le questionnais du regard quand je sentie quelque chose d’étrange…je ne faisais plus attention aux traits de son visage, mon attention était désormais reportée sur mon bras. C’était une sensation…indescriptible. J’avais l’impression que la douleur diminuait, très légèrement certes mais je le sentais. D’ailleurs j’avais l’impression que ça ne concernait pas que mon bras…les courbatures déchirantes sur mes jambes se calmèrent légèrement. J’avoue que je ne comprenais pas…il était magicien ou quoi ?...naaaaan…je débloquais sérieusement. J’avais un peu moins mal c’est vrai mais c’était tellement infime que je me disais tout simplement que c’était psychologique. La première fois que quelqu’un m'apporte une telle aide et la perspective de ne plus être tout seule dans ce « combat » ça faisait un bien fou. J’avais l’impression que le poids sur mes épaules s’étaient quelques peu adouci en sa présence. M’apprêtant à le remercier une nouvelle fois, il reposa mon bras au sol et ne me laissa pas le temps de m’exprimer en déclarant : « Voilà! Tu n'as pas grand chose juste un trop gros manque d'énergie. ». J’acquiesçais…c’est vrai que là tout de suite je ne rêvais que d’un sol chose…un bon lit bien douillet pour DORMIR…j’étais crevée. Demain j’allais souffrir je le sentais avec ces courbatures *sans compter la tête de zombie en prime*. Tout ce que j’espérais c’est que j’arriverais à rentrer dans la chambre sans réveiller les filles…ça allait être chaud patate…je sortis de mes réflexions d’un coup, mon interlocuteur c’était levé d’un coup, il fixait la pendule du gymnase. Par réflexe je tournais ma tête en direction de la pendule et…OH C’EST PAS VRAI ?! Il était 23h30 ?! Non de… ! Tout aussi affolée par le temps qui avait défilé si vite, je cherchai à me relever tandis que je l’entendis s’écrier : « Merde GAHO!!!!!!! Désolé il faut que je rentre mon chien va aboyer à mort si je ne rentre pas vite ! A propos mon nom est Kira.. Kira Yoo! A Bientôt~ ». Donc il avait un appartement pas loin…la chance ! Moi j’étais obligé de me coltiner l’internat ! Dingue comment c’était cher aux alentours, je me demande comment il a pût faire…il devait avoir un boulot sûrement…j’eus un petit sourire quand il évoqua son chien, quand j’étais petite j’en voulais un. Mais mes parents ne l’entendait pas de cette oreille hélas…mais…une minute…naaaan…il allait pas faire ça quand même…il allait pas me laisser en plan quand même !? Je le vis s’élancer sur le gradin à toute vitesse, reprendre son sac et s’apprêter à repartir avec des yeux ronds…mais oui il le faisait en plus ! Je me levais d’un bond ! Tant pis si j’avais encore un peu mal ! J’étais prête à lui courir après pour lui répondre quand il se retourna vers moi : « Tu veux…venir chez moi ? Je n'ai pas trop envie de te laisser là seule…En plus tu dois rentrer à ton dortoir…Ça va être dur pour toi de monter cette tonne de marches…Et puis tu pourras voir mon petit Gaho ! Mais ne vois pas là une autre sorte d'invitation ! Je suis gay. ».

Je l’avoue, au début de sa phrase je faisais les yeux ronds, pensant avoir affaire avec une proposition plus que douteuse. Heureusement j’eus un soupire de soulagement à la fin de sa phrase. Ce qui me fit rire d’ailleurs, une telle franchise était quelque chose devenue trop rare de nos jours. A vrai dire, le fait de savoir qu’il était homosexuel me rassurait, au moins je pouvais agir naturellement sans me soucier d’une quelconque ambigüité. Je repris mon sac au coin de la salle puis je lui répondis tout en marchant vers lui en souriant : « Tu sais quoi ? Mon meilleur ami en France était homosexuel…en faite je crois que ça me rassure… ». J’étais à présent arrivée à sa hauteur, je pris quelques instants de réflexions en plongeant mon regard dans le vide…c’était vraiment raisonnable d’aller chez les gens comme ça ? Remarque c’est lui que le proposait mais…si jamais je ne passais pas la nuit à l’internat les filles allaient vraiment commencer à avoir des suspicions douteuses à mon sujet…Ah non hein ! Je refuse de passer pour ça dès le début de l’année moi hein ! Je faisais déjà assez tâche dans le décor, pas besoin de rumeurs en plus ! C’est donc avec un sourire légèrement de travers que je lui répondis : « Hmmm…ça ira, les marches j’en fais mon affaire…au pire si je rampe ça fera la poussière au moins ! ».

Je préférais jouer la carte de la rigolade plutôt que de lui expliquer le genre de rumeurs que je craignais de déclencher. Sans prévenir, toutes les questions que je voulais lui poser me revinrent en tête…le fait qu’il doive s’en aller était assez embêtant, ceci dit s’il habitait dans les environs et qu’il était étudiant, se voir pour en reparlez ne devait pas être si dur. C’est donc un petit peu en retrait que je lui demandais : « Dit Kira…pourquoi tu m’aides…comme ça ? Qu'est-ce qui fait que je mérite un tel traitement de faveur ?...qu’est-ce qui fait que tu veuilles t’impliquer à m’aider à ce point ? ». Je laissais planer un silence c’est alors que je me rappela qu’il devait faire vite et qu’il n’allait sûrement pas avoir le temps de me donner une réponse complète, c’est pourquoi je m’empressai d’ajouter : « Demain à 14h…tu fais quelque chose ? Si tu tiens vraiment à m’aider je pense qu’il faudrait vraiment que tu comprennes qui je suis…et que tu sois au courant de certaines choses…sans compter que j’aimerais moi aussi comprendre tes intentions et arriver à un peu mieux te cerner…au parc ça te vas ? Tu pourras amener Gaho comme ça. ». Je marquai de nouveau un temps avant de reprendre en rigolant légèrement l’air qu’il avait pris tout à l’heure à la fin de sa phrase : « Et n’y vois aucune autre sorte d’invitation, je ne suis pas comme ça d’accord…ah oui au faite, moi c’est Aru Yume, je suis en 4ème année.». Je continuais de lui sourire. Inutile de dire que c’était un pseudonyme que je m’étais inventé du fait de sa signification particulière. « Aru » signifiant être ou exister et « Yume » signifiant le rêve, cet antonyme me définissait sans peine. C’est donc toujours avec ce petit sourire aux lèvres que j’attendis sa réponse.

Je n’étais pas inquiète mais je me décontractai quand même quand je le vis rire. Je ne comprenais pas vraiment la cause de son hilarité mais son rire provoqua le mien, tout en me marrant je l’entendis me dire « Tu me tues Aru. ». Mon sourire s’élargissait en l’entendant, il était partit dans un fou rire ou quoi ? Remarque, l’ambiance me plaisait comme ça. C’est donc en me penchant légèrement et en surjouant une moue satisfaite que je répondis « Ravie de participer à ton meurtre ! » suivie d’un clin d’œil. En faite, je crois que je commençais vraiment à avoir de la sympathie pour lui. Je me demandais en qu’elle année il était…arf j lui demanderais demain rien ne presse. S’en suivie de nouveaux rires jusqu’à ce qu’il réponde à mon interrogation : « Je n'ai rien de prévu à 14 heures donc okay je serais au parc, j’amènerai mon petit Gaho! Par contre si je suis un peu en retard ne t'en fais pas d'accord?
Bon.. Il se fait tard.. Je dois rentrer mais je ne peux pas te laisser comme ça vu ton état.. Alors.. Grimpe ! ».

Quant à la première partie de sa phrase, j’acquiesçais et faisant un signe de la main pour le rassurer et lui indiqué que cela ne me gênait pas s’il était un petit peu en retard. En revanche, que je le vis s’accroupir je me demandais à quoi il jouait…il voulait faire un saute-mouton ou bien ?...il attendait là que je monte sur son dos et moi je fixais avec des yeux ronds. Je restais étonnée quelques secondes, ne sachant vraiment comment réagir avant d’éclater de rire. Ah vraiment ce Kira ça avait l’air d’être un sacré ! Entre deux éclats de rire j’articulais du mieux que je pouvais « Ah nan vraiment…toi…t’es vraiment incroyable Kira ! ». J’avais l’impression d’être dans un manga. Mon rire se calma et je repris la parole toujours su un ton chaleureux « T’es une tête de mule toi hein ? Remarque au moins on est deux comme ça. ». J’avançai d’un pas hésitant vers lui…je pouvais vraiment monter sur son dos ? Même s’il était homosexuel j’avoue que j’étais assez embarrassée à cette idée. Ton en pausant ma main sur son dos je lui demandais d’un ton hésitant « Heu…t’es sûre ? Je suis loin d’être légère tu sais…à moins que tu es l’habitude de porté des sacs à patates… ».

Je laissai passer un nouveau silence de quelques secondes…lui était toujours là, attendant tranquillement que je me décide…je secouais un peu la tête en espérant accélérer mon raisonnement, hésitation stupide n’est-ce pas ? D’une petite voix j’ajoutais « Nan je te promets…un énorme sac à patate… »…ouais, sans compter que je devais pas sentir la rose vue le nombres d’heures d’entrainement que je venais d’effectuer. Oui…non…peut-être ? Raaaah décides toi bon sang baka d’Aru ! Sans vraiment réfléchir je sortie un « Yosh »…expression qui commençait à devenir une habitude…en même temps à force de regarder des dramas c’est pas très étonnant. Bref, de manière très délicate je monta sur son dos en faisant bien attention de ne pas lui faire mal. J’avoue, ça me gênait un peu comme situation…mais bon d’un autre côté j’en avais assez du « je vais bien tout vas bien » que j’affichais en permanence…parce qu’en faite, j’étais on ne peut plus crevée. Littéralement exténuée…prendre les escaliers revenait à une ascension de l’Everest dans mon état. Si tant est que je réussisse à atteindre la porte de mon dortoir avant le levé du soleil.

Tout de même, je m’en voulais un peu de lui faire « subir » ça. Le pauvre n’avait rien demandé et il se retrouve avec une folle dingue sur son dos et une flopée de marche à monter. Y a pas à dire, il était vraiment gentil. Je lui en étais d’ailleurs très reconnaissante. Histoire de faire disparaître un peu la gêne je déclarais en rigolant légèrement « Je t’avais prévenu…un énorme…gros…sac à patate…mode pâté royale…un spaghetti mou et trop cuit…y a pas d’autres mot. » Et oui j’avais fait fort, en une seule phrase j’avais sortit mes répliques cultes…il me manquait vraiment une case ! Mais à l’instant présent, je m’en fichais royalement. C’est donc en m’agrippant le plus doucement possible à lui que je me retrouvais…sur son dos…dans mon délire, je lui parlais d’un air comme s’il était un pauvre condamnée tout en tapotant doucement son dos « Allez Kira…bonne chance…si t’y arrives t’auras du Nutella… » Maaaah…la fatigue ce me valait rien…moi j’étais littéralement morte de rire sans savoir pourquoi…je n’arrêtais pas de sortir des conneries. Nan vraiment…ma pauvre Aru Yume…t’es un cas !